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Une nuit à l'Hôtel de la Baleine (Varlet traducteur de Melville)


C’est une nouvelle colossale ! Théo VARLET a traduit Moby Dick !

Pour ceux qui savent un peu qui fut Varlet, romancier, poète, critique et traducteur, l’information est aussi brutale que réjouissante. Car Théo Varlet (1878-1938), homme de lettres jusqu’au bout des ongles, fut un être à part.
Grand chemineau, c’est-à-dire voyageur, adepte de la vie à l’air libre et de l’harmonie de l’individu avec le cosmos — et, conséquemment, l’un des tous premiers sectateurs du naturisme — il a laissé des écrits de première nécessité qu’Apollinaire et de nombreux autres surent voir.
La découverte, grâce à Bruno Leclercq, de certaine livraison du Crapouillot (septembre 1931) vient de nous en apprendre une belle : outre ses traductions superbes de Stevenson, de Pearl Buck ou de J. K. Jerome, Théo Varlet s’était donc attelé à la transposition du chef-d’oeuvre de… Melville.
Oui, mes soeurs, mes frères, de Moby Dick !


Passé inaperçu des lecteurs présents de Théo Varlet, un chapitre de Moby Dick résidait là, entre les pages 21 et 35, en attendant qu’on l’y trouve. C’est à peine croyable… Apprendre cela en 2007…

Apparemment prépublié dans le Crapouillot, le roman aurait dû paraître intégralement dans une édition de luxe à la marque des Editions du Bélier.
Rien à faire : nulle trace, nulle part. Il faut croire que la version de Varlet n’a jamais vu le jour en volume. A moins que… (1)

Afin de rendre grâce à Melville et hommage à Théo Varlet nous donnerons ici ce chaprite, en espérant retrouver un jour le manuscrit de la traduction intégrale de Varlet, si elle existe encore…


Note du 5 février 2008 : Une édition de ce fragment sauvé des eaux, enrichi de différents propos, va paraître au cours de l’année 2008 aux éditions Versant Libre. Vous serez bien évidemment prévenus.

(1) La première traduction française connue est la suivante : Le Cachalot blanc, roman américain, traduit par Marguerite Gay. — Paris, Gedalge, 1928, in-16, 256 p. Coll. “Aurore” (n° 13). Les seules précisions physiques laissent entendre que cette traduction n’est pas intégrale.

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Les Livres Monstres, par Etienne Cornevin


Étienne Cornevin, vaillant animateur de la revue Nouvelles Hybrides poursuit son étude des livres-monstres et nous transmet, à fin de collecte, ce texte d’Alice Groult suivi d’une bibliographie transitoire sur le sujet.
Libre à vous de participer à cette vaste recension, après avoir découvert ce qu’était un “livre-monstre”.


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L'Anthologie de la poésie naturelle, de Camille Bryen et Bernard Gheerbrant (1949)

Plusieurs nautes nous ayant demandé des précisions sur le livre fondateur de Camille Bryen et Bernard Gheerbrant, volume qui initiait en France une lecture des fous littéraires et des naïfs, au moment même où Jean Dubuffet façonnait l'Art brut, nous donnons ci-dessous le sommaire de l'ouvrage.Où  […]

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Des nouvelles trouantes

Esther (copyright 2007) On trouvera tout à la fois sur le site de Fornax des informations nouvelles sur la vie secrète des reliures (des coquines et des hypocrites, je vous l'affirme), l'art des enfants (en couleur), une épatante information sur l'attentat Foyot qui réjouira — ou rassurera — les  […]

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Petite Bibliographie des éditions Le Tout sur le tout

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Sur les années 1980, il restera, c'est sûr, l'empreinte des éditions Le Tout sur le Tout, lieu de la relance de Henri Calet, de Raymond Guérin, Paul Gadenne et de plusieurs autres.
Le Tout sur le Tout, c'est Guy Ponsard, replié à Gouvernes depuis. Le Tout sur le Tout, c'était Grandes Largeurs, la revue d'excellence d'abord vouée à la célébration d'Henri Calet — on y découvrait bien d'autres noms, Nicole Caligaris, Michel Ohl, quelles surprises ! Les exemplaires dont nous disposons ici trônent d'ores et déjà sur les mêmes étagères que Plein Chant, les Cahiers du Schibboleth et autres revues de francs-lecteurs qui auront de leurs efforts ardents construit quelques pages de fondation.
Contre les marées souvent, et les héritiers, usurpateurs et abusifs parfois.
Mais Le Tout sur le Tout ce n'était pas seulement Grandes Largeurs, endormies depuis leur douzième livraison, c'est aussi des livres soignées. Le catalogue qui suit vous donnera une idée, mes soeurs, mes frères, des éminentes directions prises par le bibliopole. Rien à jeter, zéro gras, nulle erreur.
Commencez donc par Yves Martin, Miguel Torga, Georges Henein, Louis Calaferte, J. M. Paroutaud, Jean-Pierre Abraham, Sylvain Roumette, Pierre Herbart, et même un petit Robin Cook serré, noir de noir et puis Joël Roussiez dont dubeaumonde donne ces temps-ci de l'inédit. Et Roger Rudigoz (à redécouvrir dare-dare), dont nous piochons un paragraphe désabusé :

Je peux dire que la gloire est passée près. Elle était là, je la tenais, et tout à coup plus rien. N'a pas voulu de moi. M'a trouvé trop entier, trop simple. S'est reprise. Comme une femme, comme les femmes, et comme les amis. On m'aime, on ne m'aime plus. Je n'y ai jamais rien compris.

Le plus curieux, si vous voulez mon avis de Préfet maritime, assis ici, à des kilomètres du métro Pernety où se tenait autrefois le Tout sur le Tout, c'est ceci : songez un peu que la plupart de ces ouvrages sont disponibles, et à des prix qu'on dirait d'avant-guerre.
Pour faire suite à notre précédent billet, pensez à la vente par correspondance. Tant qu'elle est encore possible...


N.B. Ce catalogue comportant quelques béances, notamment du côté de Grandes Largeurs, dont nous nous autoriserons le complément dès que possible.

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Le facteur n'est pas près de sonner trois fois (PETITION)

Le facteur de notre île aux prises avec son vélo, récemment obtenu de son administration de tutelle, un moyen de locomotion adapté à l'ère contemporaine et répondant (éviiidemment) aux nouvelles normes européennes pour le transport et la distribution du courrier (le facteur est en free-lance, le  […]

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Éric aux yeux brillants (avis de tempête)

Nos bienveillants collègues de la Météorologie des îles voisines viennent de nous prévenir qu'une tempête tropicale allait nous tomber sur le poil sous six heures, et sur la foi d'une photo transmise par le Tamerlansjid (Hambourg). L'ouragan à venir a été nommé "Éric-aux-yeux-brillants"  […]

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Sous le signe de Botul

Tout à nos recherches damourézikiennes, nous faîllimes ne pas prêter attention au monde qui nous entoure. C’eût été truffe : la bobine qui me sert de table basse a le sourire, les cormorans déménagent grave sous le soleil doux, le merle des îles est de retour et nous le fait savoir (une photo  […]

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Robert Johnson, le Rimbaud du Blues

Tandis qu'on nous retrouve des portraits de Rimbaud qu'on n'avait pas perdus, allons-y donc : lançons les grands détectives du document impropable sur une piste qui mérite le détour : la vie de Robert Johnson (1911-1938), le Rimbaud du Blues, mort à vingt-neuf ans dont on ne connait pour le coup que  […]

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Francis de Miomandre


Il y a tout juste dix ans, le Préfet maritime rééditait dans la collection L'Alambic, et avec beaucoup de plaisir, Mon Caméléon de Francis de Miomandre, un écrivain qui nous enchante toujours, et toujours plus.
La récente acquisition du Catalogue de la bibliothèque de Francis de Miomandre, qui fut vendue à Drouot les 3 et 4 décembre 1934, alors que l'écrivain-traducteur-critique organisait sa nouvelle vie en Espagne nous a remis au coeur le souci d'évoquer et son immense grâce et ses non moins importants talents. Des qualités qui lui valaient — s'y attendait-on ? — l'admiration du jeune Antonin Artaud, Marseillais lui-même, comme en témoigne cette paire de notice.


Où l'on peut lire :

à francis de Miomandre/ hommage d'une admiration/ déjà vieille/ dans la pensée qu'il y/ pourra retrouver un peu/ de cet amour pour la/ partie chimérique des/ choses, qui est un des/ plus précieux ornements de/ son esprit/ Antonin Artaud./ Paris, le 29 mai 1923

Ou encore :

à Francis de Miomandre/ en souvenir/ du Théâtre perdu./ Antonin Artaud.

S'il faut donner quelque détail, précisons que Francis de Miomandre, lecteur et critique fut l'un des tout premiers, si ce n'est le premier, à voir et à deviner les écrivains à venir, de la même manière que son vieux compère Edmond Jaloux. Aussi doit-on à de Miomandre la révélation de Claudel, de Suarès, de Gide de Valéry, de Giraudoux, et même de Proust. Mais on ne s'en est guère souvenu jusqu'ici, non plus qu'il défendait du bec et des ongles l'oeuvre de Remy de Gourmont... qui le déclare à l'occasion son "seul lecteur".


Afin de redorer le blason de cet homme adorable, voici, ci-dessous, le texte du Préfet maritime qui concluait la réédition de 1997 sus-dite, désormais difficile d'accès, sinon pilonnée. Perte bien regrettable puisqu'il y donnait un ensemble de lettres de Francis de Miomandre à son éditeur relatives à la publication de l'édition originale de son livre... Ne nous manquait à vrai dire dans ce volume qu'une prière d'insérer, celle que vient de nous faire parvenir Fabrice Lefaix, merci la toile.

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Amer (la revue des temps décadents)

Sur la vague décadente d’une autre siècle, Amer, revue finissante démarre le nez au vent. Vous avez bien lu : Amer démarre finissante, et c’est un bon point que la lucidité, puisque le destin de toute revue, et cela contribue au charme de ces publications élaborées dans le secret d’esprit curieux,  […]

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Monochrome (une enquête)

Yves Klein judoka, devant un monochrome rouge, sous un monochrome jaune, dans un monochrome blanc avec ligne noire (1956)


La récente exposition Yves Klein dans le tas de tuyaux du centre de Paris nous a offert de nous revisser la prunelle et l'envie, c'est idiot, d'étendre quelques dates et faits qui ne nous ont pas paru si bien mis en lumière par les astres de la manifestation culturelle. Pour dire tout ça en peu de mots, et si l'on en croit Pol Bury — et pourquoi ne le croirait-on pas ? — il apparaît que le monochrome n'attend pas la fin du XIXe siècle et le plaisant Alphonse Allais pour faire son apparition :
C'est en 1851 qu'une toile monochrome (de Louis Ghémar ?) est exposée au salon de Bruxelles. Et vive la sauvage Belgique !

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Annie François et les mioches

On avait remarqué la spirituelle Annie François dans ses exercices de lectures, c’était en 2000, c’était Bouquiner, son premier livre (en tant qu’auteur : elle était alors éditrice au Seuil), son “autobibliographie”. Depuis elle a fumé, Clopin-clopant (2002), une “autotabacographie”, évidemment, et  […]

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Jacques Gélat est aux (bons) prix littéraires abonné

Jacques Gélat ne publie pas de livre qui ne recoive son prix.Le Tableau (Denoël) avait obtenu un prix de la Société des Gens de Lettres.Puis ce fut au tour de La Couleur inconnue d'obtenir le prix Claude Le Heurteur (même si son éditeur ne s'en souvient pas).Cet hiver, c'est le troisième roman de  […]

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Grégoire euphorise

D’une narquoise légèreté, le polyvalent Grégoire Lacroix est de ceux qui soignent la vie, l’amour, la plate réalité, l’existence — et toutes ces choses qui nous embarrassent un jour ou l’autre —, à grands coups de sentences brutales, d’aphorismes contondants, de dictons ciselés à la japonaise,  […]

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Passionnants passionnés (II) : Pierre Ziegelmeyer


Pierre Ziegelmeyer n'est pas un mondain, c'est un activiste.
Depuis 1964, si nos comptes sont bien faits, il publie et c'est dans les pages de la revue Plein Chant, dont il est un complice persistant et efficace, que nous avons pris l'agréable habitude de le lire.
Puis, satané petit curieux que nous sommes, nous avons farfouillé de-ci de-là afin de tenter d'en savoir plus. Notre (toute petite) recherche ne fut pas inutile puisque, à défaut de rencontrer ce métropolitain rare, nous avons établi une liste de livres plutôt comaque où se distinguent le poète, ses dossiers de la revue Plein Chant consacrés à Jean Queval et à la parole africaine, et des ouvrages aux titres curieux, ainsi qu'un pastiche de classique Larousse consacré à l'oeuvre de Michel Ohl. Un goût marqué pour la jonglerie linguistique, le goût du néologisme, l'amour de la compilation, la délectation du savoir et jusqu'à une certaine tendance au pamphlet, tout l'exercice bibliographique dénote un esprit sachant dire son mécontentement, ses enthousiasmes et ses inventions.

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