L'Alamblog - Les Vrais Coupe-Faim2024-03-29T15:17:35+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearLes excipits du siècle dernier (XIII)urn:md5:c9bbb5b94ccd633f916429c6cb3a6a8e2024-03-23T00:41:00+01:002024-03-25T17:51:31+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimPittoresque <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.BoryTyrolienne_m.jpg" alt="BoryTyrolienne.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="BoryTyrolienne.jpg, mar. 2024" /><br />
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<br /></p>
<blockquote><p>Pour qui sait voir, partout où il y a des hommes, il ne peut être question de pittoresque.<br /></p></blockquote>
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<strong>Jean-Louis Bory</strong> <em>Un noël à la tyrolienne, ou le pittoresque traqué, divertissement documentaire et romancé</em>. - Paris, Union Générale d'Edition, 1952.<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/03/23/Les-excipits-du-si%C3%A8cle-dernier-%28-%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6083Tomber de l'icebergurn:md5:00e407bcf426c205e021547a515ea7722024-03-21T00:23:00+01:002024-03-25T17:41:06+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimAventure quotidienneHantise du réalisme <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.PIerre_Boulle_Harcourt_m.jpg" alt="PIerre Boulle Harcourt.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="PIerre Boulle Harcourt.jpg, mar. 2024" /><br />
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<br /></p>
<blockquote><p>La terreur de l'aventure hors du commun, la hantise morbide du réalisme le plus terre à terre, sont probablement les raisons pour lesquelles tant de romans insipides voient le jour. Somerset Maugham s'est expliqué la-dessus dans une de ses préfaces. A propos d'une déclaration de Chekov : Les gens ne vont pas au pôle nord et ne tombent pas des icebergs, ils vont à leur bureau, se disputent avec leur femme et mangent de la soupe aux choux, il fait observer, avec une malice qui semble avoir été perdue, que, de nos</p></blockquote>
<p>jours, les gens vont au pôle nord et que, s'ils ne tombent pas d'un iceberg, il leur arrive des aventures au moins aussi périlleuses."<br />
Pierre Boulle
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Préface à <em>L'Homme de la rivière Kwaï</em>, Robert Laffont, 1973, p. 8-9<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/03/21/Tomber-de-l-iceberg#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6082Ecrire c'est de la foutaiseurn:md5:300aafbb34d4b1d812757594d7b201c62024-03-19T00:33:00+01:002024-03-28T11:08:19+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimEcritureFoutaise <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.OrwellVert_m.jpg" alt="OrwellVert.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="OrwellVert.jpg, mar. 2024" /><br />
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Dans l'excellente enquête du musicien Duncan Roberts sur les années de vache maigre par Eric Blair dans les eaux grasses passées de la restauration à Paris, on trouve ce bout du livre d'Orwell qui ne manque pas de parler. C'était avant la crise de 1929, c'était avant la crise de 1974, c'est toujours valable :<br />
<br /></p>
<blockquote><p>Ecrire c'est de la foutaise. Il n'y a qu'une seule façon de gagner de l'argent en étant écrivain : c'est d'épouser la fille d'un éditeur."<br /></p></blockquote>
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<strong>Duncan Roberts</strong> <em>Orwell à Paris : dans la dèche avec le capitaine russe : récit</em>, traduit de l'anglais (UK) par Nicolas Ragonneau. - Paris, Exils, 23 avril 2024, 170 pages, 20 €<br />
Et toujours<br />
<strong>George Orwell</strong> <em>Dans la dêche à Paris et à Londres</em>, Traduction de Michel Pétris. - 10-18, 9,50 €<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/03/28/Ecrire-c-est-de-la-foutaise#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6089Tabourot toujoursurn:md5:37de003d2ea2dfc7b3884f189b0ea8402024-03-18T00:08:00+01:002024-03-22T10:26:12+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimEtienne Tabourot <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.TabourotRecueilConfuz_m.jpg" alt="TabourotRecueilConfuz.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="TabourotRecueilConfuz.jpg, mar. 2024" /><br />
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Imprimé à DIjon par Jean des Planches, l'imprimeur qui était de bois (cf. son emblême), le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15221249/f7">Premier livre de la synathrisie alias Recueil confuz</a>. Fait par Jean Des Planches</em> a également bénéficié de la participation d'Etienne Tabourot, mais il est moins notoire.<br />
A lire, sans doute, pour s'instruire.<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/03/18/Tabourot-toujours#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6078Interludeurn:md5:1c0a7326876f4dbc51a6a92437deb9e32024-03-17T06:01:00+01:002024-03-21T16:03:37+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimHenriette Morel <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.Henriette_morel_1883_1956_lecture_a_la_campgne_st_barthelemy_le_pin_m.jpg" alt="Henriette morel 1883 1956 lecture a la campgne st barthelemy le pin.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Henriette morel 1883 1956 lecture a la campgne st barthelemy le pin.jpg, mar. 2024" /><br />
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<br />Henriette Morel (1883-1956), lecture à la campagne, Saint-Barthélémy le Pin, aquarelle, 25,5 x 30,5 cm.<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/03/21/Interlude#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6076Tabourot toujoursurn:md5:d818e851536ae2b92a4aee760cf4149c2024-03-16T00:32:00+01:002024-03-22T10:08:24+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimEtienne Tabourot <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.Tabourot_m.jpg" alt="Tabourot.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Tabourot.jpg, mar. 2024" /><br />
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Au catalogue de la librairie Malfant, un bel exemplaire des <em>Bigarrures et touches du seigneur des Accords, avec les apopthgèmes du SIeur Gaulard et les Escrainges dijonnoises</em>. Paris, Chez Gabriel Guinet (1), 1662 (750 €), une création à la fois drôle et profonde d'Etienne Tabourot, humaniste, précurseur des littératures à contraintes.<br />
Et entourés de cent autres choses (raretés de Bataille, Caillois, etc.), <em>Le Triumphe de Haulte Folie</em> ou <em>Les Misères des gueux</em> de Jean Bruno (Jean Vaucheret, 1844-1899) "entièrement illustré par Gustave Courbet (Librairie internatioanle-A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, 1872) (850 €), bref, de quoi voir venir. Nous allons y revenir en présentant des documents délicieux.<br />
<br />Ici, pour commencer, sur Gallica, un exemplaire des <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8702340g.r=tabourot%20bigarrures?rk=21459;2">Bigarrures</a> de 1603, <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69374660">un dessin</a> représentant l'un des lieux familiers de Tabourot, par Etienne Martellange.
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(1) L'édition de 1603 avait paru à l'enseigne de L'Arbre verdoyant.<br />
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Librairie du Scalaire (Lyon)<br />
10, rue des Farges<br />
69005 Lyon<br />
librairieduscalaire@orange.fr</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/03/16/Tabourot-toujours#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6077Un homme du tonnerre (1954)urn:md5:61b754d1d171879debe463a6e9e2df192024-03-15T00:02:00+01:002024-03-21T16:47:35+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimAlbert ParazD. H. LawrenceEric de Haulleville <p><img src="http://www.alamblog.com/public/ParazPhotoA.jpg" alt="ParazPhotoA.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="ParazPhotoA.jpg, mar. 2024" /></p>
<blockquote><p>Flâneries provençales<br />
Un homme du tonnerre : Albert Paraz
Par Pierre Fontaine
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Un jour Ilya Ehrenbourg disait avec superbe : « Moi, on peut m’écrire : « Ehrenbourg, Moscou » ça arrive. Il le disait devant Albert Paraz, qui répondit en rigolant : « Et moi , on peut m écrire : « Paraz, Vence », ça arrive aussi. » Et il ajouta : « J’habite avenue de la Résistance, mais vous pouvez mettre avenue de la C...rie, ça arrive encore plus vite. »<br />
Donc, comme j'étais près de Vence et que je venais d'apprendre que mon magazine préféré s’était offert la collaboration dudit Albert Paraz que je souhaitais connaître depuis longtemps, j'allai frapper à sa porte.<br />
Un mas tranquille et adorable dans le plus beau coin de la Haute-Provence. Quant à l’homme, c’est évidemment le meilleur du monde, bâti en hercule et qui, pour le visage, ressemble au Beethoven des bons jours. Il parle sans arrêt, comme il écrit.<br />
A le lire, on le prendrait volontiers pour une espèce de délirant, déchaîné contre tout, ne faisant grâce à personne. A l’entendre, c’est tout différent. Il a la voix aussi douce qu’est violent son style, et c’est tout en nuances qu’il énonce les vérités les plus criantes.<br />
Pour y voir clair tout de suite, je lui ai posé d’emblée et coup sur coup un tas de questions impertinentes :<br />
— Que pensez-vous de la vie ? Vous en êtes satisfait ?<br />
— Satisfait ? Assez. Je suis réformé cent pour cent, plus 9 degrés, plus article 18, ce qui m'oblige à roupiller toute la journée et me permet de foutre les gens dehors par ordre du médecin.<br />
Comme je faisais déjà mine de me retirer, il ajouta tout de suite :<br />
— Non, je ne dis pas cela pour vous. Il y a gens et gens.<br />
— Vous paraissez les mépriser beaucoup, les gens, à vous lire ?<br />
— Pourquoi ? Si je méprisais les gens, je ne prendrais pas la peine de les engueuler. C’est ce qu’on oublie souvent. Le choix d’une tête de Turc suppose même une certaine considération pour la personne.<br />
Sur ce point, j’étais d’autant mieux d'accord que j’ai moi-même écrit naguère (on a ses petites idées, aussi) qu’il fallait savoir choisir ses ennemis, ne pas les prendre minables et chétifs, ou on se déconsidérerait, mais puissants et célèbres, enfin honorés sinon honorables. Bref, le choix ne manque pas. Paraz était de cet avis :<br />
— On ne peut pas aplatir un malheureux petit chanteur de charme. Tandis que de Gaulle, par exemple, c'était de l’article solide ; il m’a bien duré trois ou quatre ans. Et Mauriac ou Sartre, c’est pas mal non plus. Je leur souhaite longue vie, pour pouvoir les engueuler encore en l’an 2.000.<br />
A propos d’an 2000, je lui demandai son idée sur la guerre d’Indochine. Il bondit, mais répondit d’une voix calme :<br />
— C'est une abomination. Non seulement parce que c'est une guerre, mais parce que j’adore les Viets et les Chinois, avec qui nous n’avons que des raisons d’amitié. Nous sommes faits pour nous comprendre. Et ils ont une cuisine, et une science de l’amour...<br />
Il m’en parla longtemps. Des cho ses à ne pas répéter ou que je préfère lui laisser écrire lui-même. Lisez plutôt ses livres, vous serez servis.<br />
Comme on en était à la guerre, je le questionnai à tout hasard sur la bombe H et la suite.<br />
— Excellent, me dit-il, c’est vraiment excellent !<br />
— Mais pourquoi ?<br />
— Il faut être de la fin du monde...<br />
C’est une idée qui ne m’était pas encore venue. Naturellement, je sais (sans trop trembler pour autant) ce dont ces fichues bombes sont capables, mais le fait qu'elles pourraient faire sauter la planète sous nos yeux, que nous pourrions être les derniers hommes vivants et mourants, ne m’avait pas encore particulièrement frappé. Or, quand on ypense, c’est presque inespéré. Ce n’aura pas été donné à tout le monde d’avoir atteint l’ultime sommet accessible de la science et de la civilisation, et de s’éteindre ainsi en homme parfaitement conscient et organisé (sécurité sociale comprise) sur les ruines de cette terre dont le dernier d’entre nous sera l’aboutissement. Je demandai donc à Paraz :<br />
— Au fait, pourquoi vivons-nous ?<br />
— Je n'en ai pas la moindre idée. Pourtant, les philosophes, qui n'en savent pas plus que moi, seraient capables d écrire là-dessus dix mille pages incompréhensibles.
— Quel est le plus grand homme que vous ayez connu ?<br />
— Céline.<br />
— Et le plus bête ?<br />
— Sartre.<br />
Ce fameux et fumeux Jean-Paul Sartre, que Paraz appelle le Taenia, et je n’ai pas eu à demander à mon hôte pourquoi il l’avait en horreur. Dans un article que je venais de lire à l’instant, signé Albert Paraz. il est écrit en toutes lettres : "Il ne faut jamais se lasser de répéter que le Taenia est un épouvantable crétin, un écrivain médiocre, un auteur dramatique au-dessous de Paul Hervieu, un prof de philo aussi emm... (quand je disais : c’est écrit en toutes lettres, je me trompais) que n'importe lequel de ses congénères. C'est un graphomane qui a copié tout le monde, même Saint-Granier. Sa pensée politique est un magma de pesante bêtise à vous dégoûter d'appartenir à la même espèce, idée qui disparaît vite, heureusement, quand on examine sa physionomie.<br />
Et pourquoi il aime Céline ?<br />
— Parce que c’est un homme, dans tous les sens du mot, qui sait écrire et a dit et vu les choses mieux que personne ne l'avait fait avant lui.<br />
Encore l’avait-il fait avec modération. Parce qu il est vrai que Voyage au bout de la nuit ou Bagatelles pour un massacre furent dépassés mille fois dans la réalité. C'est pour cela qu’on en veut à Céline, on n’aime pas les Cassandres. Et quand Céline revint, quelques années après la guerre, de son exode en Scandi navie, c’est chez Paraz (sauf erreur) qu’il trouva un premier havre.<br />
— Et Céline, aujourd’hui ?<br />
— Il est remonté à Paris. C est un médecin admirable. Il soigne les pauvres et les autres dans tel arrondissement. Il ne veut pas qu’on le paie. Quand on insiste beaucoup, il dit : « Ce que vous voudrez », mais il compte l’argent et si c’est plus que six cents francs, il rend la monnaie. Vous en connaissez beaucoup, des types comme ça ?<br />
— Vos démêlés avec la Résistance ou ce qui se fait appeler ainsi ?<br />
— Précisément ! Il a suffi que je prenne la défense de Céline pour avoir tous les chacals à mes trousses !<br />
— Vous êtes, je crois, le détenteur du plus grand nombre de procès d’après-guerre. Combien ?<br />
— Je n’arrive plus à les compter.<br />
Quelques-uns en instances : un pour la préface au « Mensonge d’Ulysse » ; un que me fait « France-Soir » pour avoir dit qu’il n’avait pas le monopole d’être lu exclusivement par des imbéciles...<br />
— Ça l’a froissé ? C’était plutôt gentil.<br />
— Je l’avais aussi appelé « torche-cul ».<br />
— Si la preuve est admise, vous avez gagné d avance.<br />
— Oui, mais voilà : un procès, comme vous savez, on gagne ou on perd une fois sur deux. Quand je perds, toute la presse l’annonce, quand je gagne, personne n’en parle. Mais j’ai assigné à mon tour : un certain Rémy Roure, notamment, et le « Provençal », et le même « France-Soir » où l’on s’était permis d’écrire que j’étais mal élevé. Moi, mal élevé ; Et comme toutes les parties vont en appel, puis en cassation, sans compter les remises ça n’en finit jamais. Ça fait une audience ou un jugement par mois, de puis la fin de l’an dernier.<br />
— De quoi vous occuper.<br />
— Comme si je n’avais que cela à faire !<br />
— C’est vrai qu’il y a eu le Festival de Cannes dans vos environs.<br />
— Le cinéma ! Je me demande ce qu’il attend pour disparaître ! La baleine de corset, la plume d’autruche, la petite vérole ont bien disparu ! Au train dont on y va, avec leur censure, les trucs des syndicats pour empêcher de tourner vite et bien, les vedettes qui en remontrent à l’auteur, comment voulez-vous qu’il s'agisse encore d’un art ? La putréfaction du cinéma est ainsi sans recours, sinon l’euthanasie et l’extrême-onction. Après les obsèques, les salles de cinéma serviront enfin à quelque chose : à loger les chômeurs ou à jouer du théâtre. Pour l’instant, sauf exceptions, personne n’a d excuse à s’y rendre, à part les gosses, les militaires, les bonnes d’enfants, les sans-logis et les espions traqués.<br />
Je dis à l’auteur et scénariste de L'Arche de Noé :<br />
— Alors, s’il fallait supprimer un art, ce serait celui-là ?<br />
— Ah ! non, moi je ferais volontiers le sacrifice de la télévision, si on peut appeler ça un art. Parce que c’est le dernier venu.<br />
— Et la radio ?<br />
— Parlons-en ! C'est un rendez-vous de pauvres bougres tellement minables qu'on n’ose même pas les critiquer. Ils ont leur gaz à payer, c’est la cour des miracles, des frénétiques qui tueraient pour s’accrocher à leur bifteck. On les croit capables de toutes les bassesses, mais non, ils sont affamés.<br />
On croirait, à l’entendre parler de la sorte, que notre ami Paraz est dégoûté de tout. Ce serait mal le connaître. Il m’a paru, au contraire, prendre grand plaisir à la vie. Mais il la vit et il la voit à sa manière qui n’est pas celle de tout le monde. Parce qu'enfin si tout le monde pensait et disait la même chose, on ne voit pas bien où serait l’intérêt de converser et de lire en core, et on s’ennuierait ferme.<br />
C’est par boutade, évidemment, qu'une chronique de Paraz paraissant ici même est attribuée à un « esprit mal fait ». Mais c'est aussi un fameux encouragement à la lire quand on sait ce dont sont capables les esprits « bien faits » ! Pour mapart, j'ai pratiqué souvent qu’il suffit presque toujours pour avoir raison de prendre le contre-pied de J’opinion publique. Il y a plus de vérité dans un paradoxe que dans les plus hautes spéculations de l’esprit. Il faut de ces esprits « malfaits », du moins faits de cette sorte.<br />
Paraz s’amuse à ce jeu, nous amuse du même coup. C'est gagner sur les deux tableaux.<br />
-— Pourquoi écrivez-vous ?<br />
— Parce qu’étant obligé de rester dans cette province la plus illettrée de France et, n’ayant rien d’autre à faire, je crèverais d’ennui si je n’avais personne à engueuler.<br />
Ainsi ne cessent de voir le jour des œuvres toujours plus fracassantes, de genres très divers, mais qu’animent toutes un même non-conformisme. Les plus connues sont sans doute les pamphlets qui s'intitulent : Le Gala des vaches et Valsez saucisses, quelques romans dont Une fille du tonnerre, Petrouchka (dernier en date), L'adorable métisse, où l’auteur, mine de rien, glisse son idée sur l’Afrique qu’il connaît dans les coins.<br />
C’est ce livre-là que le maréchal Juin a préfacé, ce qui a valu à je ne sais quel ministre une interpella tion à l’Assemblée Nationale, d’un M. Mayer, je crois, parlant au nom de la France, sur le ton le plus patriotiquement indigné qui soit ! Le maréchal ne fut pas ému pour au tant. On sait qu’il ne s’émeut pas vite. Ajoutons, pour la petite histoire, que les deux gars (Juin et Paraz) sont nés à Constantine. Il y a aussi les livres dont on parle moins, et ce n’est pas justice : Bitru ou les vertus capitales, Le lac des songes. Le poète écartelé, d’autres.<br />
— Quel livre de vous aimez-vous le mieux ? Lequel, le moins ? Question idiote. A peine dite, je regrettais de l’avoir posée. Parce qu’un auteur, ses livres sont ses enfants. Vous qui avez des enfants, lequel aimez-vous le mieux ? Même si vous savez qui, dans votre cœur, vous tremblez de le dire et vous avez raison, parce qu’on se trompe souvent. D’ailleurs, le livre qu'un écrivain aime le mieux est immanquablement celui qu i! écrit dans !e moment même, qui a encore toutes les vertus possibles et l’éclatant mystère de l’enfant qui va naître.<br />
Paraz était de cet avis.<br />
— Mais j’ai une certaine tendresse pour le premier Bitru.<br />
Je note au passage, je viens de l’apprendre, que le premier journal qui en ait parlé intelligemment (alors que personne de nous ne connaissait encore Albert Paraz), c'était le vaillant petit Rouge et Noir que je dirigeais à l'époque, il y a vingt ans.<br />
— J'aime moins, ajoute Paraz, la Fille du tonnerre, qui est un pastiche, et ce qui m’embête, c’est que certains trouvent que c’est là ce que j’ai fait de mieux...<br />
Comme quoi, et c'était fatal, il est démontré que ce genre d’esprit qu’est Paraz est fidèle à lui-même. Son non-conformisme va jusqu’à le porter à se dresser contre lui-même : puisque Une fille du tonnerre a retenu, plus que d'autres l’attention du public, ce ne peut pas être le meilleur livre, cela devient même celui qu’il prive de sa tendresse. Un peu torturé, notre ami, par instants. Il est vrai que je faisais tout pour ça.<br />
— J’écris aussi trois pièces, conclut-il, j'espère qu'elles seront jouées de mon vivant. Pourquoi pas ? La vie est longue, on ne le dit pas assez. Et puis, la vie, c'est l’esprit, c’est dant la tête que cela se passe vraiment, c’est même cela surtout qui nous main tient en vie. Autrement à quoi bon ?<br />
Nous quittâmes la terrasse, nous fîmes un tour dans les jardins. J’y cueillis une orange (c'était mon œuf de Pâques) et le ciel était bleu. Comment ne pas aimer ce pays-là et les gens qui l'habitent ?<br />
Au revoir à Paraz. Bonjour à la chapelle de Matisse, dont je ne sais ce qu’on pensera dans cinq siècles, mais je doute que le peintre soit ca nonisé entre temps, enfin ça m’étonnerait, mais on en a vu d’autres. Rebonjour à Saint-Paul-de-Vence où les colombes de la « Colombe d'or » portent en blanc le deuil du patron qui est mort l’autre année. Visite au si tentant petit cimetière, où je n'ai pas retrouvé la tombe de mon ami le beau poète Eric de Haulleville, ramené sans doute près de ses mânes. Ni celle de D. H. Lawvrence, mort pour avoir été flanqué à la porte du Sanatorium Ad patres le même qui, dit Paraz, a cherché à me faire crever, vingt ans après. Mais j’ai résisté.<br />
— A cause des antibiotiques ?<br />
— Non pour les emm...<br /></p></blockquote>
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Illustration du billet : 1 — Paraz au temps de « Bitru » (1935) ; 2 — Paraz en 1948 ; 3 — Le pamphlétaire : « Qui engueuler cette semaine ? » ; 4 —
L’Africain, quand il entend parler de Mauriac.<br />
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<q>Voilà, Europe magazine</q>, 2 mai 1954</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/03/17/Un-homme-du-tonnerre-%281954%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6071Gauny travaille l'utopieurn:md5:1f3f3c961afca56e02626b154b04fc8f2024-03-14T00:24:00+01:002024-03-21T14:52:35+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimLouis-Gabriel GaunyUtopie <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.GaunyPortraitgravOK1_m.jpg" alt="GaunyPortraitgravOK1.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="GaunyPortraitgravOK1.jpg, mar. 2024" /><br />
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Une journée d'étude sur le poète et philosophe ouvrier <strong>Louis Gabriel Gauny</strong> (1806-1889) se déroulera le mercredi 3 avril 2024, de 9h30 à 17h30, à la médiathèque du centre-ville de Saint-Denis.<br />
L'événement bénéficiera de la participation exceptionnelle de Jacques Rancière, philosophe français et ancien professeur à l'Université de Paris VIII.<br />
<br />
La journée d’étude "Gabriel Gauny, l’utopie au travail » est organisée par Caroline Fayolle (IUF, Université de Montpellier) et Jérémy Ollivier (Université de Poitiers) , avec le soutien de l’ANR Theovail (Science-Po Paris, CEVIPOF), en partenariat avec la Médiathèque de Saint-Denis et la Bibliothèque Marguerite Durand.<br />
<a href="https://we.tl/t-3UQ77Zt2CF">Programme complet</a><br />
<br />
4 place de la Légion d’Honneur l 93 200 Saint-Denis<br />
01 71 86 32 05 l 06 49 40 59 35<br />
www.mediatheques-plainecommune.fr<br />
www.communpatrimoine.fr<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/03/21/Gauny-travaille-l-utopie#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6074Petite Bibliographie lacunaire de la collection "Aspects de l'Asie"urn:md5:d43004d42ea00facc471f20cde6116292024-02-28T05:04:00+01:002024-02-28T14:47:27+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-Faim <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.3Royaumes_m.jpg" alt="3Royaumes.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="3Royaumes.jpg, fév. 2024" /><br />
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Alfred Eibel dirigea la collection "Aspects de l'Asie" de 1979, date approximative de la fin de ses activités en tant qu'éditeur indépendant.
En voici le catalogue qui comporte, vous le constaterez, plusieurs classiques d'importance.<br />
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<strong>Catalogue de la collection</strong><br />
<br />
<br />
<strong>BAJIN</strong> <em>Famille</em>, roman, traduit du chinois par Li Tche-houa et Jacqueline Alézaïs. - Paris-Lausanne, Flammarion-Alfred Eibel, 1979 (sans n°, en fait n° 5.1)<br /></p>
<p><strong>DING (Ling)</strong> <em>La Grande Sœur</em>, nouvelles / Ding Ling ; traduit du chinois par Chantal Gressier et Ah Su. - Paris, Flammarion, 1980, 283 p. (sans n°)<br />
<br />
<strong>TCHE-HAO (Tsien)</strong> <em>L'Empire du milieu retrouvé : la Chine populaire a trente ans...</em>. - Paris, Flammarion, 1979, 445 p. ill., notes bibliographiques, index) (n° 1).<br />
<br />
<strong>McCOY (Alfred W.)</strong> <em>La Politique de l'héroïne en Asie du Sud-Est</em>, en collaboration avec Cathleen B. Read et Leonard P. Adams II, traduit de l'américain par Jacques Schmitt. Paris, Flammarion, 1980, 606 p. ill., index. (n° 2)<br />
<br />
<strong>YANG (Shang)</strong> <em>Le Livre du prince Shang</em>, traduit du chinois et présenté par Jean Levi. Paris, Flammarion, 1980, 212 p. (n° 3).<br />
<br />
<strong>Collectif</strong> <em>Sept victimes pour un oiseau et autres histoires policières</em>, traduction, notes et introduction par André Lévy. Paris, Flammarion, 1981, 284 p. (n° 4).
<br />
<strong>BAJIN</strong> <em>Printemps</em>, roman traduit du chinois par Edith Simar-Dauverd. Paris, Flammarion, 1982, 480 p. (n° 5,2). (Réédition : 1989, 676 p.).
<br />
<strong>XUEYIN (Yao)</strong> <em>La Longue Nuit</em>, roman traduit du chinois par Li Tche-houa et Jacqueline Alezais. - Paris, Flammarion, 1984, 340 p. (n° 6).
<br />
<strong>MENGLONG (Feng)</strong> <em>Chroniques de la Chine ancienne. Royaumes en proie à la perdition</em>, traduit du chinois par Jacques Pimpaneau. Paris, Flammarion, 1985, 351 p. (n° 7).
<br />
<strong>GUANZHONG (Luo)</strong> <em>Les Trois Royaumes</em>. Traduction, notes et commentaires de Nghiem Toan et Louis Ricaud. Introduction de Jean Lévi. Paris, Flammarion/UNESCO, 1987-1991, 7 volumes. Coll « UNESCO d'œuvres représentatives » (série chinoise) ((n° 8,1 à 8,7).
<br />
BAJIN__ <em>Automne, roman</em>, traduit du chinois par Édith Simar-Dauverd. - Paris, Flammarion, 1989 (n° 5,3)<br />
<br />
<img src="http://www.alamblog.com/public/.PrinceShang_m.jpg" alt="PrinceShang.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="PrinceShang.jpg, fév. 2024" />
<br />
<strong>Une autre collection : "Récits d'hier à aujourd'hui"</strong><br />
On pourrait considérer comme un complément les deux volumes de sa collection tardive, "Récits d'hier à aujourd'hui" (Valmonde, 1999) :<br />
<strong>Joseh Gabet</strong> (1808-1853) <em>Les Missions catholiques en Chine en 1846</em>. - Paris, Valmonde, 1999, 78 pages.<br />
<strong>Ernest O. Hauser</strong> <em>Shanghai, cité à vendre</em>. - Paris, Valmonde, 312 p.-<a href="http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/02/28/8" title="8">8</a> p. de pl.<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/02/28/Petite-Bibliographie-lacunaire-de-la-collection-Aspects-de-l-Asie-%28Flammarion%2C-%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6057La Zone d'intérêturn:md5:989528969ac1aead2c779206e098ed762024-01-27T06:22:00+01:002024-01-28T16:54:54+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimAuschwitzShoahSolution finale <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.GlazerZoneInteret_m.jpg" alt="GlazerZoneInteret.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="GlazerZoneInteret.jpg, janv. 2024" /><br />
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A propos de zone aveugle et de l'élaboration du monde contemporain, il ne sera pas inutile de voir le film de Jonathan Glazer, <em>Zone of Interest,</em> qui montre comment, à l'extérieur du camp d'Auschwitz, le commandant du camp, Rudolf Höss et sa femme s'évertuent à composer un univers propret, presque paradisiaque pour leur famille...<br />
Primé à Cannes, il mérite d'être vu. C'est probablement l'un des films importants de notre époque. En tout cas l'un de ceux qui, sur notre île, a retenu notre attention et constitue à coup sûr, un sujet de réflexion, et même de discussion sur l'art cinématographique tant la réalisation est léchée. La bande-son très éclairante, en particulier, mérite, par son effroyable présence, une attention soutenue...<br />
Sortie mercredi prochain.<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/01/27/La-Zone-d-int%C3%A9r%C3%AAt#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6023Reumaux par Nourrissierurn:md5:0a7f2e2d6e275fc77a2fe385e602033a2024-01-26T00:59:00+01:002024-01-29T17:33:00+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimPatrick Reumaux <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.Patrick_Reumaux_1965_m.png" alt="Patrick Reumaux 1965.png" style="display:table; margin:0 auto;" title="Patrick Reumaux 1965.png, janv. 2024" /><br /><br />
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<br />
Les premiers à signaler la disparition de Patrick Reumaux auront été les <a href="https://champis.net/viewtopic.php?p=356867">mycologues</a>.
Les littéraires, eux, ont apparemment autre chose à dire.<br />
Grand bien leur fasse.<br />
Comme nous sommes bien plus près, sur notre île, de l'état végétatif que de la parade prénuptiale en milieu culturel urbain, nous nous rangeons du côté des champignoneux et allons tenter de dire dans les jours qui viennent l'admiration que nous avons pour Patrick Reumaux et pour son oeuvre. Extraits, documents, tout ce qui nous paraîtra digne de vous amuser, interloquer, intéresser sera de bon aloi. Et nous ferons bonne mesure, vous savez à quel point nous avons à l'Alamblog la main légère.<br />
Après l'article d'il y a deux jours, voici ce matin cet autre papier d'un nom bien connu à propos du premier livre de notre romancier.<br />
Trompettes.<br />
<br /></p>
<blockquote><p>Le Livre de la semaine<br />
La Jeune Fille qui ressemblait à un cygne, roman de Patrick Reumaux<br />
lu par François Nourissier<br />
<br />
La collection « Le Chemin » qui nous a déjà révélé (par ordre alphabétique...) Jacques Borel, Michel Deguy, J.M.G. Le Clézio, Jacques Serguine, Jean-Loup Trassard — j’énumère mes préférés — nous invite aujourd’hui à retenir le nom de Patrick Reumaux. Retenons-le : son premier livre, au titre si beau qu’il suffirait déjà à attirer notre attention, mérite une lecture attentive. Parfois le jugement chicanera le nouveau venu sur telle paresse d’expression, sur un désordre trop savamment organisé, mais le goût se laissera gagner au plaisir de la musique. Car Patrick Reumaux possède déjà sa musique propre, un accent brisé, discret, que j’ai beaucoup aimé.<br />
Il n’y a pas bien longtemps, un « premier roman » se reconnaissait souvent au tumulte, à la contestation et à la démangeaison de se livrer. Il semblait que toute une vie, déjà usée dans le feu et le désespoir, fût à jeter dans un livre unique. Il faut le dire : ces textes fourre-tout, ces déballages de secrets parfaitement interchangeables avaient leur charme. Dans une récente déclaration à une journaliste, Mme Dominique Aury avouait préférer à tout ces livres proches de la vie, un peu palpitants : quand on sent cogner un cœur et s’enfiévrer une jeune tête, ou l’amerture lentement noyer une mémoire. Depuis que la mode est aux expériences, aux recherches techniques, nous voyons fleurir une catégorie littéraire moins attrayante : les livres d’auteurs débutants dans lesquels la science précède la sensibilité, des textes diaboliquement élaborés mais souvent vidés de substance. Le « viscéral » scrupuleusement évacué de la littérature, nous devons lire — ou renoncer à lire — des équations destinées à donner allure d’avant-garde au silence intérieur. M. Pierre-Henri Simon n’a pas tort d’écrire (à propos de Jean Ricardou) que ce qui dévalue « ces fabrications », « ce n’est ni leur obscurité ni leur caractère insolite, mais leur sécheresse et leur anémie : de ce qui fait l’homme, et par conséquent l’étoffe de l’art, les passions et la pensée, rien vraiment ne passe plus chez eux. »<br />
Les meilleures œuvres du Nouveau Roman ont avant tout apporté aux écrivains inexpérimentés le sens du doute, l’horreur de l’affirmation. (Nous ne sommes pas aussi loin qu’il y paraît des fameux reproches qu’adressait voici plus d’un quart de siècle Sartre à François Mauriac : « Dieu n’est pas romancier ; Monsieur Mauriac non plus. » Les meilleurs livres de Mme Sarraute, d’Alain Robbe-Grillet, sont construits autour d’hypothèses, selon la loi mouvante d’une succession de possibilités et d’incertitudes. J’aime dans La jeune fille que Patrick Reumaux, pour ses premiers pas en littérature, ait su concilier les hésitations, les « peut-être » qui forment l’essentiel de l’arsenal psychologique à la mode, et les mouvements beaucoup plus francs et abandonnés de sa sensibilité : ce que j’appelais en commençant sa musique. Sa réussite est d’égarer le lecteur dans l’habituel brouillard des personnages doubles, douteux, dédoublés et fantomatiques errant sans explication d’une action à une autre, d’un rêve à un songe, mais de ne pas perdre, lui, le contact avec son art, ni avec le pouvoir discret qu’il sait exercer sur nous. Nous le vérifions une fois de plus : c’est la poésie seule qui peut irriguer et justifier ce qu’il y a de systématique dans l’agencement d’un récit selon les règles d’une esthétique dictatoriale.<br />
Le roman se compose de trois parties. Chacune est précédée d’une citation : Yeats, Dhôtel et Henri Thomas. Le choix de ces trois parrains nous fournit une indication sur la famille à la quelle souhaite être rattaché Patrick Reumaux. Il n’a pas tort, et ces ombres ne nuisent pas à son entreprise. Elles nous aident à la placer dans sa juste lumière.<br />
Vais-je essayer de « raconter l’histoire » ? Oui, allons-y, sans nourrir trop d’illusions... Il me semble avoir compris ceci : un jeune homme, Henri Ferrare, rêve sa vie, rêve peut-être son amour pour Emilie, qui l’a quitté pour cet inconnu, Ferdinando Bersagliera, mais qui lui reviendra après trois années, l’aimera, l’épousera et lui donnera une petite fille nommée Germaine. D’autre part, autrement, ailleurs (comme vous voudrez...) un jeune Napolitain misérable, Ferdinando, fils d’un joueur d’orgue de barbarie, gagne l’affection d’un petit trafiquant, puis la protection d’un truand de la maffia qui fait de lui un aventurier riche et élégant, capable de pénétrer dans les salons de l’aristocratie locale et de s’y faire aimer de la belle et inaccessible Emilia di Monte-Chiaro, capable de briguer la députation, d’obtenir la main d’Emilia, mais qui se suicide le matin de ses noces. Ajoutez à cela que ce qui nous est montré, par allusions ou petits tableaux, de l’enfance d’Henri et de celle de Ferdinando, nous permet de constater que la mère de l’un se nomme Marie et celle de l’autre Maria... Que la « jeune fille qui ressemblait à un cygne » est peut-être une image née dans l’imagination du narrateur quand il découvre, en écrivant, que son « d » minuscule suivi d’une apostrophe ressemble à un cygne — ou à une jeune fille — mais qu’une jeune fille nommée Germaine (comme la fille d’Henri) apparaît à la fin du récit et ressemble, en effet, à un cygne... Qu’il s’agit aussi souvent dans le roman de la mer, de sa présence, des bains que l’on court y prendre, des filles qui s’y plongent et de celles qui en sont privées... Que le narrateur a peut-être écrit un conte pour les enfants peut-être intitulé La jeune fille qui ressemblait à un cygne (1)... Noyez toutes ces fallacieuses indications, ces précisions embrumées, ces jeux de miroirs et d’échos dans le plaisir d’un récit allusif, d’une prose souvent mystérieuse et belle — vous vous ferez une idée encore vague, mais que j’espère curieuse et déjà séduite, de ce théâtre des doubles, des illusions et des métamorphoses.<br />
Sous ces passages de personnages aux identités flottantes, sous l’impressionnisme subtil de la mémoire (j’ai pensé souvent aux souvenirs d’enfance et aux confidences de myope de Jérôme Peignot), il n’est pas interdit de chercher un sens assez pathétique de la réalité des choses. C’est aux chimères que croit Patrick Reumaux. C’est à elles qu’il confie le soin de cerner le monde : « Ça ne ressemble à rien. » Cette phrase, je l’ai entendue au café-épicerie et elle me donne un moment la clef du royaume. C’est quand ça a commencé à ressembler à quelque chose que tout a été fichu. »<br />
Oui, mais quand « ça » commence à ressembler à de 'la bonne littérature peut-être « tout » est-il sauvé ? Ce serait même une définition possible de la nécessité d’un livre, car on ne soupçonne pas un instant ces jeux de gratuité : ce n’est pas un petit compliment. Patrick Reumaux sait déjà, d’instinct, où chercher « la clef du royaume ».<br />
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(1) Gallimard, édit.<br /></p></blockquote>
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<em>Les Nouvelles littéraires</em>, 11 novembre 1965</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/01/26/Ruemaux-par-Nourrissier#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6022Virée à Halluywoodurn:md5:3514f561633fce9760e577f1629d20da2024-01-22T00:56:00+01:002024-01-22T11:56:57+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimCinéma coréen <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.Halluywood_m.jpg" alt="Halluywood.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Halluywood.jpg, janv. 2024" /><br />
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Indice qu'il vaut le détour avec ses index, bibliographie, photographies innombrables, le riche essai de Bastian Meiresonne sur le cinéma coréen figure désormais sur la liste des finalistes du Prix Littéraire 2023 du syndicat des critiques de cinéma. Exactement entre <em>Varda par Agnès</em> (La Martinière) et <em>Le Musée imaginaire de Wes Anderson</em> (Johan Chiaramonte & Camille Mathieu, Gründ).<br />
Les amateurs du genre aurient tout intérêt à y jeter un oeil. Nous n'en sortons personnellement plus les nôtres, malgré le danger (ressenti très fortement) d'une consommation accrue de films divers en provenance d'Halluywood... depuis 1900.<br />
Il manquait un spécialiste ? Le voici.<br />
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<strong>Bastian Meiresonne</strong> <em>Hallyuwood, le cinéma coréen</em>. - Vances, EPA, 2023, 341 pages, 40 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/01/22/Vir%C3%A9e-%C3%A0-Halluywood#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6018Les dix règles du prolétaireurn:md5:881811a8f12ea8d6af9e56d7b8cf16c02024-01-14T00:23:00+01:002024-03-11T15:30:48+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimGeorge OrwellRobert Louis Stevenson <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.CouvPrunettiLumpen_m.jpg" alt="CouvPrunettiLumpen.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="CouvPrunettiLumpen.jpg, janv. 2024" /><br />
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Il paraîtra le 20 janvier prochain (patienterez-vous huit jours ?) et c'est une excellente nouvelle car le livre est bon, plus que bon, délectable, malicieux et direct, un véritable documentaire sur le monde du travail en régime capitaliste tatchérien, doublé d'une fantaisie fictionnante. Avec poupées vaudou, drogues diverses, personnages colorés - en hommage à Stevenson et à Orwell -, bières variées et hallucinations lovecraftiennes...
On avait pu lire de Prunetti le récit de la mort de son père ouvrier soudeur miné par l'amiante (Amianto, traduction de l'italien par Serge Quadruppani, Agone, 2019), nous voici avec l'odyssée prolétaire du fils, diplômé sans travail ni relations, exilé en U.K. pour trouver un travail - L'Italie d'alors est un désastre pour les jeunes. Tiraillé entre son désir de savoir, ses diplômes et le monde ouvrier qui le rejette, le jeune Prunetti, perplexe, n'en retient pas moins les leçons du père, et en particulier les dix règles que ne doit jamais transgresser un prolétaire digne.<br />
L'Alamblog vous renseigne, les voici :<br /></p>
<blockquote><p>Mais c'est quoi ce truc, je demande.<br />
C'est des règles qui valent sur n'importe quel chantier, même si tu pars travailler à l'étranger ou que tu te sers du théodolite plutôt que de la soudeuse. Des règles simples. Donne un coup de main à tes collègues. Fais grève. Lèche pas le cul du patron. Sois pas un jaune. T'acharne pas si tu dois te battre. T'en prends pas trop à ceux de Pise, c'est des humains eux aussi. Méfie-toi des rupins. Si une grosse tête t'appelle monsieur, gaffe à tes fesses. Plus une ou deux maximes qui ne me reviennt pas là tout de suite. Des règles universelles, qui valent partout où se trouve la classe ouvrirère. Dans le monde enttier. Un type qui est allé sur une plateforme offshore en Ecosse m'a dit qu'on les applique même en mer du Nord. C'est les mêmes, tout pareil. Donc, petit : oeil ouvert, poignet solide et pas de blagues.<br /></p></blockquote>
<p><br />
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<strong>Alberto Prunetti</strong> <em>Odyssée Lumpen</em>, traduit de l'italien par Anne Echenoz. - Montréal, Lux Éditeur, 216 pages, 18 €<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/01/13/Les-dix-r%C3%A8gles-du-prol%C3%A9taire#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6009L'archéologue Christophe Sand à Parisurn:md5:16da3b1c695af298376fdacb712509d72024-01-03T00:56:00+01:002024-01-09T10:57:13+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimHécatombe <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.SandHecat_m.jpg" alt="SandHecat.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="SandHecat.jpg, janv. 2024" /><br />
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Sait-on bien que 95 % de la population des Marquises n'a pas survécu à l'arrivée des Occidentaux ?<br />
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Nous allons revenir sur le sujet à l'occasion de la parution de ce livre aussi captivant que sombre...<br />
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Nota bene : L'auteur sera à Paris entre le 11 et le 29 janvier prochain.
<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2024/01/03/L-arch%C3%A9ologue-Christophe-Sand-%C3%A0-Paris#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/6004Deux ou trois Points.urn:md5:1231fa3fe314e3db59b237d21ab9d9972023-12-22T00:33:00+01:002023-12-22T16:07:02+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimAnthologieDylan ThomasEtel AdnanPoésie palestinienne <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.ethelAdnanPointsSeuils_m.jpg" alt="ethelAdnanPointsSeuils.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="ethelAdnanPointsSeuils.jpg, déc. 2023" /><br />
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La collection "Points Seuil" poursuit son petit bonhomme de chemin en nous proposant des pages de première qualité, parfois même inédites. Un exemple avec deux volumes trouvés ces jours et une annonce de parution plus qu'alléchante. Le premier volume est celui signé Etel Adnan (1925-2021), la poète et peintre libanaise disparue récemment. (Un autre volume de la même étonnante créatrice a paru en Folio Poésie, deux d'un coup, n'est-ce pas merveilleux ?). Fille d'un père turc et d'une mère grecque, elle a été élevée à Beyrouth, éduquée en Français et a vécu longtemps aux États-Unis puis en France. Une cosmopolite comme on les aime dont l'oeuvre picturale n'a été appréciée que sur le tard.<br /></p>
<blockquote><p>Elle est belle, cette furie ! Parce qu'elle est, nous sommes, et quand elle disparaîtra, nous ne serons plus. Ce n'est qu'à son contact que nous accordons quelque valeur à notre existence.<br /></p></blockquote>
<p>Le deuxième est une anthologie de poètes palestiniens nés après 1970, issus de la diaspora ou non. "Tous, nous dit l'éditeur, participent d'un espace sans limites où la poésie rend possible l'amour, le rêve, le voyage lointain et la pensée libre." D'actualité, quoi qu'il en soit. Ici Maya Abu al-Hayyat, née au Liban, vivant entre Ramallah et Jérusalem :<br /></p>
<blockquote><p>Chaque sortie de la maison<br />
est une tentative de suicide<br />
Chaque retour l'aveu d'un échec.<br /></p></blockquote>
<p>Le troisième volume, excellente surprise, est annoncé pour le mois de janvier prochain (le 26, saura-t-on patienter jusque là ?) : il s'agit de la nouvelle édition des deux premiers recueils de Dylan Thomas dans une traduction de Patrick Reumaux.<br />
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<strong>Etel Adnan</strong> <em>Le Destin va ramène les étés sombres</em>. - Préface de Hans-Ulrich Obrist. - Paris, Points, "Poésie Points", 2022, 328 pages, 8.90 €<br />
<strong>Abdellatif Laâbi et Yassin Adnan</strong> (éd.) <em>Anthologie de la poésie palestinienne d'aujourd'hui.</em> Inédit. - Points, "Poésie Points", 2022, 221 pages, 8.90 €<br />
<strong>Dylan Thomas</strong> <em>Ce monde est mon partage et celui du démon</em>, traduit et présenté par Patrick Reumaux. - Points, "Poésie Points", 2024, 141 pages, 8,30 €<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2023/12/22/Deux-points.#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/5992Un endroit différenturn:md5:58d2bf909834906e2074fdf4f67c59482023-12-21T05:07:00+01:002023-12-21T17:08:52+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimCharles DuitsJacques BesseRodriguo de Souza LeaoSchrizophrénie <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.Chiens_bleus_m.jpg" alt="Chiens bleus.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Chiens bleus.jpg, déc. 2023" /><br />
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<br />Nous avions évoqué rapidement <em>Tous les chiens sont bleus</em>, le récit autoviographique du journaliste brésilien Rodrigo de Souza Leao qui aura connu dans sa schizophrénie des moments de pure créativité littéraire. <br />
Outre qu'il voit les gens de l'intérieur, comme l'ont appris les Alamblogonautes il y a <a href="http://www.alamblog.com/index.php?post/2023/12/05/Chiens-Bleus">quelques jours</a>, le gaillard n'est pas sans talent pour mélanger les genres et convoquer son panthéon pour un film sans fin.<br /></p>
<blockquote><p>Les policiers B décident de partir de l'asile. Ils n'arrivent à aucune conclusion. Qu'est-ce qu'une conclusion ? C'est la certitude de baisser les armes.<br /></p></blockquote>
<p>On apprend cela dans le chapitre Humphrey Bogard contre Charles Laughton, et là, évidemment, on sait assurément que l'on a abordé un livre à part, plein de déséquilibres et de fulgurantes propositions. On pourrait le comparer à <em>La Grande Pâque</em> de Jacques Besse (La Chambre d'échos, 1999), à tel écrit d'Artaud, de Duits ou des beatniks les plus champignonnés. Molécules différentes, même combat.<br />
Décidément, ce petit livre est un havre. D'ailleurs...<br /></p>
<blockquote><p>Je suis déjà allé au Japon. C'était un endroit différent, un peu comme un asile.<br /></p></blockquote>
<p><br />
Bref, pour Noël, vous savez ce que vous pouvez vous offrir.
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<strong>Rodigro de Souza Leao</strong> <em>Tous les chiens sont bleus</em>, traduit du brésilien par Emilie Audigier. - Bois-Colombes, Editions Le Lampadaire, n° 04, 95 pages, 13 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2023/12/20/Un-endroit-diff%C3%A9rent#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/5991Le cimetière dériveurn:md5:0173e7feaf119dd952154b50d694aa2a2023-12-06T00:39:00+01:002024-02-05T18:28:51+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimCercueilFrançois SalvaingInondation <p><img src="http://www.alamblog.com/public/FlotsSalvaing1.jpg" alt="FlotsSalvaing1.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="FlotsSalvaing1.jpg, déc. 2023" /><br />
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On attend le 16 février 2024 avec grande impatience car une histoire goûtue de François Salvaing paraîtra ce jour.<br />
Le résumé de l'éditeur est le suivant :<br /></p>
<blockquote><p>Une inondation soudaine emporte des voitures, des animaux, des maisonnées ainsi que des tombes. Lorsqu'un homme, juché sur son toit, aperçoit le cercueil de sa mère, il plonge pour le rejoindre et s'y accroche, incapable de l'abandonner.<br /></p></blockquote>
<p><br />
L'accroche est piquante comme un hameçon !<br />
C'est à cela que l'on reconnaît que l'auteur de <em>Pays conquis</em> et de <em>Purs Désastres</em> est bien de retour...
Et qu'il a appris la natation avec bouée.<br />
<br />
<br />
<strong>François Salvaing</strong> <em>Flots</em>. - Talence, L'Arbre vengeur, 2024, 100 pages, 9.50 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2023/12/06/Salvaing-se-jette-%C3%A0-l-eau#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/5976Un récit en forme de saboturn:md5:28fc05ff6749aab956a84199c0c3dcd52023-12-04T01:43:00+01:002023-12-05T11:53:55+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimJean-Loup Trassard <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.TrassardGraines_m.jpg" alt="TrassardGraines.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="TrassardGraines.jpg, déc. 2023" /><br />
<br />
<br />
<br /></p>
<blockquote><p>Il faudrait un récit qui soit comme un sabot. Ce serait, vu de l'extérieur, une ligne précise, assez courbe pour au hasard de ses développements revenir sur elle-même et sans fin décrire une fore d'apparence plutôt arrondie. A l'intérieur : un creux. Un espace dans lequel on habite l'ombre.</p></blockquote>
<p><br />
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<strong>Jean-Loup Trassard</strong> « Le fût gélif » in <em>L'Ancolie</em>. - Paris, Gallimard, 1975, collection "Le Chemin". Prix des Critiques 1975.<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2023/12/04/Un-r%C3%A9cit-en-forme-de-sabot#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/5973Dévisser ?urn:md5:569ca0a76ed1c02928402f83f5ba86702023-12-03T01:17:00+01:002023-12-04T17:52:36+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimCathédraleGothique <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.CouvMuncastRW_m.jpg" alt="CouvMuncastRW.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="CouvMuncastRW.jpg, déc. 2023" /><br />
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Moins bavard que <em>Le Nom de la Rose</em>, plus ramassé qu'un Mittelholzer, moins chantourné qu'un Lovecraft, plus efficace qu'un (passons), le <strong>Muncaster</strong> de Robert Westall bat toutes les mesures.<br />
C'est, pour tout dire, une sombre pièce de houille qui se narre l'air de rien, avec la tranquille maîtrise de l'artisan qui connaît son métier. Et en l'occurence, celui-ci d'artisan répare des cathédrales...<br />
On peut dès lors tomber de très haut avec Robert Westall (1929-1993), d'autant qu'il n'a jamais été plus mis en valeur que ça dans l'Hexagone (1). Son terrible <em>Muncaster</em>, qui se dévore d'une traite, méritait parfaitement sa place dans la collection des "Hallucinés" des éditions du Typhon.<br />
Au fond, c'est l'idée de cadeau parfaite pour tous vos neveux et nièces gothiques... Surtout s'ils ne lisent pas (leurs parents et fratries pourront leur chiper.)<br />
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<strong>Robert Westall</strong> <em>Muncaster</em>. Traduit de l'anglais par Benjamin Kuntzer. - Editions du Typhon, 2023, "Les Hallucinés", 142 pages, 17,90 €<br />
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(1) Hors livres pour ados : on a pu le lire dans <em>Signal</em> naguère, ou dans <em>Je bouquine</em>...<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2023/12/03/Westall-pour-le-meilleur#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/5972Les Excipits du siècle dernier (XII)urn:md5:4d41b5f4befbf6b83b80914544ccb1852023-12-01T06:02:00+01:002023-12-01T06:02:00+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimGraine <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.DomarnceTrassard_m.jpg" alt="DomarnceTrassard.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="DomarnceTrassard.jpg, nov. 2023" /><br />
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<blockquote><p>Je suis assis dans ce pré depuis des millénaires.<br /></p></blockquote>
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<strong>Jean-Loup Trassard</strong> <em>Dormance</em>. - Paris, Gallimard, 2000, 328 pages, 18.50 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2023/12/01/Les-Excipits-du-si%C3%A8cle-dernier-%28XII%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/5970