Faute d’être diffusés en notre beau pays au proche avenir bien trouble, les deux disques de Seastick Steve, bluesman comme on les aime, ma chérie et moi (et les enfants bientôt… après un tel bourrage de tympans), doivent se commander sur internet. Preuve que l’on va finir par se passer du commerçant, gros ou petit, à moins d’avoir un disquaire comme on les aime à proximité. Et vous savez comme moi que proximitié signifie essentiellement marchand de baskets, de pantalons, de lunettes, de salades en sachet et de plastiques divers équipés de puces électroniques.
Une fois qu’on a obtenu le disque grâce aux postes-de-tous-les-pays-unissez-vous, ce qui est fatalement plus rapide que de le commander chez telle enseigne mamelue, on se repaît de la grâce du vieux bonhomme blanc barbu qui, du blues, semble avoir perçu l’essentiel : peu de notes, beaucoup de boogie, de tripes et de… blues.
Du blues d’authentique venue, vrai, que reconnaîtraient Son House, Skip James ou Robert Johnson, du blues sans la moindre de ces velléités virtuoses qui ont ridiculisé nombre de bluesmen blancs. Foin des guitar heros, simplement du blues que diable !
Sur ce point, Seastick Steve nous ravit. Sa note est sans chichi, ses effets sans malice, ses tempos sans combines. Simple, sobre, direct : diablement efficace, un humain chante pour les humains.
On passera ici sur la biographie du personnage, sorte de hobo au parcours heurté qui semble avoir appris à jouer de la guitare en prison — sa guitare est, du reste, un modèle du genre récup’ : trois cordes only et du papier dans les ouies pour en améliorer la sonorité. La musique qu’il en sort est de celles que l’on souhaite à tous d’entendre un jour.
Puisse-t-il passer bientôt par chez nous.
Dimanche, comme chaque jour de la semaine sur notre île, moi, Préfet maritime, je vote Seastick Steve. Ahououou.
Seasick Steve
Doghouse Music
Bronzerat (Monaural BR04)
Et Seasick Steve sur myspace (une vidéo live de 10 minutes et 3 morceaux de l’album, à l’oeil, pour goûter).