En feuilleton sur FesseBouc (pots neufs, bonnes veilles soupes)

Bouc.jpg Image empruntée, apparemment, à Monsieur Toussaint Louverture, que nous remercions.



C’est indéniable, l’internaute est un être plus autonome que le consommateur de produits télévisuels ou que le coureur de soldes (susceptible d’acquérir dans l’extase des slips à quarante euros en beuglant “Pas cher !”).

Une fois qu’il a payé son matériel et trouvé le moyen d’établir une connexion avec la Foire aux LOL l’internaute agit, fût-ce virtuellement, sur son environnement, fût-il plat et rétro-éclairé.

Ne lui confiez jamais une application, il la détourne, la met à sa pogne.

Ainsi de FesseBouc, réseau “social” (berk) destiné à la drague d’un nolife (et geek !) amerloque, muté en outil d’autopromotion et de bavardage débridé mais aussi… en nouveau dispositif de “petite presse” façon XIXe siècle !

La preuve ?

La preuve, c’est le lancement le 15 janvier dernier de Kill that marquise !, un “feuilleton noir et foutraque à livraison quotidienne”, sur ces mots :

La marquise, chronologiquement sortie la veille à dix-sept heures, devenue veuve, défoncée aux tranquillisants, réveillée seule dans un appartement dénué de bonniche, confrontée non sans angoisse à un projet de petit déjeuner à réaliser sans aide aucune, et enfin confrontée au discours abracadabrantesque d’un privé amateur de Suze matinale, ne trouva pas la force de réclamer de plus amples informations au sujet de ce mystérieux collectif Burma qui, sans cesse, était revenu dans la bouche d’Alfonsi.



Second fragment pour goûter :

Exit la marquise sortie la veille à dix-sept heures, parce qu’évanouie le lendemain matin quand lui apparut le visage de Vanessa. En stand by Emma Saint-Nazaire, veuve de la Bôle. Trop d’émotions : la bonniche strangulée, et ça le jour même où son marquis de mari se fait raccourcir dans des circonstances on ne peut plus étranges. Sans compter cette bague aux armoiries du marquis retrouvée en possession de la Vanessa sans qu’on sache pourquoi. Et puis le ventre vide ! N’avait rien dans l’estomac depuis combien d’heures la pauvre Emma ? Elle serait morte, on pourrait vous le dire. Une autopsie et hop ! tout s’éclaire : jambon beurre ou rillettes cornichons, réserve du patron ou grand millésime… Tandis que là, seulement évanouie, on ne peut que conjecturer. Ou, aussi sagace qu’Alfonsi, nous enquérir auprès de Yann-Erwann de l’emploi du temps de la marquise la veille au soir. Et accessoirement de son régime alimentaire. Il suffit de suivre le privé à l’imperméable crasseux. Et, de fait, nous accorder la double magie de l’ubiquité et du flash back. Après tout, pourquoi lésiner ? Il n’y a qu’à d’entrer dans le bistrot où il vient de pénétrer. Pas aussitôt, non. Laissons passer un peu de temps. Qu’il ne se doute de rien. Le temps de noter discrètement sur le carnet qui ne quitte notre poche le nom du bistrot : bar de l’Univers. Ensuite, l’air dégagé, s’avancer droit vers le zinc. Se placer à distance raisonnable du privé afin de pouvoir entendre ses propos s’il en tient. Remarquer qu’à cette heure (dix-heures vingt trois à la pendule qui orne un des murs), Alfonsi carbure à la pression. Longue gorgée sans prendre le temps, semble-t-il, d’analyser quoi que ce soit quant aux impressions déclenchées par celle-ci. D’un revers de main, essuie la mousse déposée au-dessus de sa lèvre supérieure. Plonge la main droite dans la poche intérieure de son imper. En ressort une photo. Dix heures vingt-cinq à la pendule offerte par un maître brasseur. « Dites, vous connaissez ce gars-là ? » Le privé regardait par en dessous le patron qui, un à un, essuyait ses verres, jetant un œil impassible au cliché. « Yann-Erwann, oui, il vient ici de temps en temps. Plutôt le soir, pour l’apéro. » « Vous l’avez vu récemment ? » « Oh ! je dirais que ça fait bien une bonne quinzaine qu’on l’a pas vu. D’ailleurs, on en parlait, l’autre jour, avec ma femme. Il aurait déménagé, il nous l’aurait dit quand même. Pas le genre à se barrer sans payer son coup aux copains ! » Dix heures vingt-sept. Demi cul sec. Monnaie au comptoir. Vous n’aurez pas le temps de terminer le café trop chaud que vous aviez commandé.

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