Les Grands Poètes (Filadelf Gorilla)

chiromonkey.jpg.gif J.-L. Faure, Chiromonkey



Les grands poètes

Je les vois ces fronts ridés, ces sourcils par moment froncés, ces yeux enfoncés, perdus, ces regards contemplatifs et distraits, mais profonds, qui percent la chair et voient directement dans votre âme et lisent votre pensée ! Ces regards qui méditent la nature, qui la pénètrent, qui lui arrachent tant de mystères, tant de secrets !

Je vous vois, vous tous vieillards ou jeunes, au début, au déclin de 1’Age, robustes ou débiles, sains ou maladifs, avec votre air gauche, avec vos manières d’êtres faibles et soumis ! Vous êtes tous là dans le Panthéon de l’humanité, vous formez tous une galerie à part ! un sublime Parnasse usurpateur de l’immortalité des dieux de l’antique Olympe. Et ces cheveux blanchis qui vous attirent le respect ? C’est la neige qui reste fixée toujours là-haut, aux cimes des montagnes et méprise les obscurités des vallées et des plaines ! Ces têtes blanchies par le temps c’est le faîte de la science et du génie qui ne daignent que par moment descendre jusqu’à la vie des hommes et aux faiblesses des mortels !

Pourtant, c’est vous, ô fronts éclairés et pensifs, qui consolez cette pauvre humanité ! Sur vos ailes d’aigle elle a pu pénétrer dans des mondes qu’elle ignorait. Votre torche toujours allumée lui a montré les routes éthérées du ciel. Après tant de siècles c’est encore par toi, chantre d’Achille, que-nous montons à l’Olympe !…

Et le Paradis, à jamais peut-être pour nous inconnu, c’est par tes yeux fermés pour la terre et ouverts pour les cieux, ô Millon, que l’homme l’a pu reconquérir, flâner dans les délicieuses demeures des dieux, y retrouver ses chimères, ses rêves,ses génies adorés !…

Et la Nature qui pendant de longs siècles semblait être pour toujours dérobée, cette adorable Nature, qu’a imitée Phidias et tâché de surpasser Raphaël, ce domaine où planent les génies de Platon, d’Aristote, de Virgile et de Dante, c’est l’œuvre puissante et gigantesque de ce Titan Shakespeare, qui a ouvert ses portes colossales à l’humanité avide de respirer cet air céleste, noyée qu’elle était dans les ténèbres depuis de longs siècles, étouffée par le mensonge, par le despotisme, égarée par l’encens des prêtres, exaspérée d’être toujours à genoux devant une croix noire que le Dieu-martyr depuis longtemps avait fui, abandonnant la foule des hypocrites et des fourbes qui s’égorgeaient sur ses reliques sacrées, pour de vaines futilités de dogmes,pour des scrupules d’hérésie !…



Filadeld Gorilla

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