Pohol, histoire de 1829 (IX)

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IX
Intrigue


Ce fut là, au Père-Lachaise, qu'il la vit... et ce fut pour la voir prier et pleurer qu'il y revint tous les soirs.
Point de détails ; laissez-moi vous dire qu'il l'aima de toute la force de son âme exaltée... qu'il l'adora comme il eût adoré Dieu, si Dieu ne l'eût pas maudit.
Comprenez-vous ? aimer un ange, lui ! vivre sa vie avec un ange ! ouïr cet ange, lui dire des paroles d'amour ! II rêvait cela, le damné...
Oh ! je ne vous le dis point; car cela ne peut se dire ! comprenez donc, ou brûlez ceci.
Dès que l'oncle était venu toucher à l'épaule de Marie et l'emmenait, Pohol tombait à genoux à la place qu'elle quittait ; il pleurait sur cette croix de bois, sur celte pauvre morte qui avait perdu sa fille et qui l'attendait là-haut !...
Marie en s'en allant voyait cela.
Que voulez-vous que devienne, hélas ! un amour né au Père-Lachaise ?
Il y eut une autre femme, non en deuil, qui vint une fois par hasard et se dirigea vers un beau mausolée. En passant elle vit un grand jeune homme debout, les bras croisés et les regards attachés sur une jeune fille en deuil accroupie devant une petite croix ; elle le reconnut... et poursuivit sa marche vers la riche tombe de marbre.
Depuis lors elle revint tous les jours.
Un soir, entre autres, quand Marie s'en fut allée, et que lui était à genoux, cette femme s'approcha... lentement... elle semblait craindre. Lorsqu'elle fut bien près, elle dit à demi-voix : « Pohol ! » Sa voix tremblait...
Lui se leva, reconnut cette femme, et s'écria encore : « Arrière, arrière démon ! »
Il s'enfuit rêvant à son ange.


(A suivre.)

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