Pohol, histoire de 1829 (VIII)

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VIII
Un ange


Il y avait un ange qui avait de beaux yeux plus bleus et plus purs que le ciel de la Provence, de longs cheveux de soie luisants, souples et fins, et qui, lorsqu'ils tombaient sur ses blanches épaules, les couvraient comme un manteau d'or.
C'était un ange de seize ans, à la taille de guêpe, au front candide, au regard baissé et au pied si petit !... Et pourtant il n'avait point d'ailes, car il était jeune fille et se nommait Marie.
Elle était vêtue d'une robe noire à raies blanches, et tous les soirs elle venait poser ses deux petits genoux sur une tombe nouvelle, et mouiller de ses larmes un nom écrit en lettres blanches sur une croix peinte en noir. — C'était au Père-Lachaise.
Sur cette croix était ces mots : Marie-Françoise Leboy, décédée à l'âge de trente-quatre ans, le 12 septembre 1828. — Puis ceux-ci : Je t'attends là-haut.
Hélas ! mon Dieu ! comme elle priait la pauvre jeune fille ; comme elle embrassait cette croix posée sur la tête de sa mère !... jusqu'à ce qu'un homme vint, qui la touchait doucement sur l'épaule et l'emmenait. C'était son oncle.
Il y avait bien des ans que son père était mort, et qu'elle avait porté pour lui toute petite la robe noire et blanche.
En 1815. — Vous savez.


(A suivre.)

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