Jean-Pierre Martinet épistolier

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C'est un document extraordinaire qui paraît dans la deuxième livraison de la revue Capharnaüm : les lettres de Jean-Pierre Martinet, fameux auteur de Jérôme à son voisin de palier, ami et éditeur Alfred Eibel. On espérait les lire depuis des lustres et les voici, toutes tendues, nouées, pleine de verve, de rancœur et de traits magnifiques.
Au moment où cette correspondance s'engage, Jean-Pierre Martinet, lassé par le travail à la télé (trop d'énergie dépensée) et déçu par l'insuccès (relatif) de Jérôme (628 exemplaires vendus) est de retour à Libourne, chez sa mère. Il chercher une librairie pour s'y installer, et finit par dénicher un bureau de presse à Tours.
Déçu et oppressé par la capitale, dégoûté par les cercles littéraires et cinématographiques, Jean-Pierre Martinet conserva un contact avec le monde qu'il aimait, celui de la littérature, du polar et du cinéma, grâce à l'ami Eibel.
Sans en dévoiler trop, il est bon d'ajouter que les coups de gourdin épistolaires qu'il assène à certaines figures du milieu littéraire ne sont pas sans sel. Il est drôle, amer mais drôle et sait bien à quoi s'en tenir. (Curieusement, il nous semble avoir aujourd'hui un cousin, que l'on peut lire sur le net, un certain Louis W.-O. qui place encore plus haut la barre de l'expression de son goût, de la diatribe et du style — mais il est vrai que Martinet tenait une correspondance privée). La désillusion serait donc bonne conseillère ?

"La littérature, c'est comme avec une femme, si on ne bande plus, cela n'a plus le moindre intérêt. Enfin, moi, c'est ainsi que je vois les choses, et pas du tout comme le Révérend Père Guégan en termes de devoir, ou de salut (quelle blague !). Comme on entoure cet acte somme toute banal de phrases pompeuses. Si un artisan n'a plus envie de travailler le bois, même momentanément, il ne fait pas chier le monde entier parce qu'il ne travaille plus le bois. Un détail horrible : je n'écris pas, et cela ne me manque pas. Je ne suis pas un champion sportif, je n'ai pas d'exploit à accomplir, je ne suis pas non plus un pommier (hélas), et je ne suis pas on plus un mystique de l'écriture, type Blanchot, Laporte ou Bernard Noël."




Capharnaüm (n° 2, été 2011, parution le 19 mai)
Finitude
112 pages, 13,50 €

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