La Tragédie des lettres russes

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Le bolchevisme a commencé par des abstractions, continué à travers des fictions, fini dans les mensonges.

Boris Souvarine, "Aveux à Moscou"
La Vie intellectuelle, 10 avril 1938.


Puisqu'à la dernière fête de l'Huma certains arboraient des tee-shirts avec face de Staline, il est temps de lire un éclairant recueil d'article de Boris Souvarine, fondateur du PCF exclu en 1924 et observateur perspicace de la vie politique soviétique durant toute sa vie : La Tragédie des lettres russes.
Là, ce pourfendeur de dictature qu'était Souvarine détaille les crimes du régime, explique (dès les années 1930...), donne des exemples (Isaac Babel, Ossip Mandelstam, Boris Pilniak, etc.) de ce que plusieurs milliers (!) d'écrivains sur toute la surface de l'empire rouge durent subir. Et leurs familles avec eux... Jusqu'aux "réhabilitations" ineptes et hypocrites et à ces "écrivains officiels" tels qu'Ehrenbourg, faux jeton sans talent, qui mentirent et trahirent leurs égaux sans vergogne pour complaire à un régime de brutes aveugles et paranoïaques que certains défendaient chez nous aux noms d'idéaux généreux mais naïfs car tout à fait absents de la dictature stalinienne.
Complément aux Écrivains épris de liberté de Grigori Svirski qui observe la seconde moitié du siècle (Gallimard, 1981), le recueil préparé par Jean-Louis Panné insiste en postface sur la menace qui guette aujourd’hui : "l’indifférence et un esprit de confusion nihiliste qui n’épargne plus en 2014 ni la mémoire du stalinisme, ni celle du nazisme".
Relire, toujours relire.




Boris Souvarine La Tragédie des lettres russes. Textes présentés, annotés et préfacés par Jean-Louis Panné. — Paris, Éditions Pierre-Guillaume de Roux. Mars 2014. 190 p. 24 €

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