Les feux de paille selon Somerset Maugham

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Qui n'aurait pas plongé un jour dans les pages d'un vieux Somerset Maugham (1874-1965) ne se doute pas des moments plaisants qu'on y passe. On voudrait n'en plus sortir. Pour saluer la réédition de plusieurs volumes dans la Petite Vermillon, nous vous proposerons quelques citations égrainées au fil des jours. D'abord, ce Grand Écrivain qui est une sorte de modèle du genre. Maugham s'y montre enclin à une certaine forme d'exotisme bohème mais sait y rester profond et vrai. Et s'il peint des personnages un tantinet turbulents, il nous les présente sous leur jour le plus sympathique. (Son empathie n'allait pas jusqu'à copier les manières des gens "bien").

- Le supplément littéraire du "Times" était splendide. Le vieux aurait été content. Il paraît que la "Quarterly Review" lui consacre un dossier dans son prochain numéro.
- Je n'en continuerai pas moins à trouver ses romans ennuyeux.
Roy sourit avec indulgence.
- Enfin, ça ne te trouble pas d'être seul de ton avis ?
- En aucune façon. Voilà trente-cinq ans que j'écris, et tu n'imagines pas combien j'ai vu d'astres monter dans le ciel de la gloire, puis passer au rang des vieilles lunes. Que sont-ils devenus ? Morts ? Ronds-de-cuir dans quelque bureau ? Dans un asile de fous ? Peut-être, réfugiés dans un village perdu, sont-ils trop heureux de pouvoir prêter leurs livres au docteurs et aux vieilles filles désoeuvrées. Ou peut-être font-ils encore figure de grands hommes dans une petite pension d'Italie ?
- Oh ! il y a des feux de paille, j'en conviens.
- Tu as même fait des conférences sur eux.



William Somerset Maugham Le Grand Écrivain. Traduit par E.-R. Blanchet. - Paris, La Table ronde, "La Petite Vermillon", 256 pages, 8,70 €

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