Maximilienne Heller et son orchestre

maximilienneHeller.jpg

Maximilienne Heller, romancière d'Afrique

Nul n'ignore aujourd"hui dans les milieux intellectuels de l'Afrique du Nord, l'effort de maximilienne Heller : l'oeuvre qui est sorti de cet effort a été consacré officiellement, l'an dernier, par le Grand Prix littéraire algérien. C'est qu'il y a là un talent jeune, rigoureux, semblable aux paysages ardents de cette sauvage contrée où il est éclos. Aux prises avec l'agitation forcenée de la vie, Mme Heller ne quitte l'orchestre de son casino que pour se jeter, trépidante encore, sur la feuille blanche. Constantine, où elle passe la plus grande partie de l'année ne limite cependant ni ses regards, ni son activité littéraire. A travers l'Afrique du Nord, de Sousse à Rabat, de la mer latine à la mer musulmane - je veux dire le Sahara - elle a cherché la signification du paysage maghrébin, a sondé les individus et étudiés les races. Ses efforts parallèles à ceux de Randau, de Lecoq-Hagel ne tendent pas à créer un régionalisme littéraire : le terme étoufferait par trop cette immense vie du Maghreb dont leurs livres sont un reflet. Ni régionaliste, ni provinciale, Maximilienne Heller, dans ses romans africains veut essayer d'exprimer l'Afrique, c'est-à-dire l'âme d'un continent qui est tout un monde. C'est en quelque sorte l'histoire d'un peuple qu'elle écrit. La Détresse des revanches, La Jeunesse de la terre, Le Feu qui danse, La Mer Rouge sont autant de faces d'une même vie - bien différente la vie européenne. Dans cette histoire passent des mouvements d'âme encore inncous et des types que nul n'a fixés aussi exactement : juifs, colons, artistes ou indigènes. Pour Mme Heller - comme pour ses confrères de lettres algériens - hors l'Algérie, il n'y a que Paris. La province, traditionaliste et lente, n'est guère intelligible aux néo-français, aux internationaux de la colonie. C'est cette robuste vitalité, fantasque, inquiétant un peu que Maximilienne Heller fait vivre dans les personnages du roman qu'elle achève : Les Oiseaux de proie.
Robert Dournon


Les Nouvelles littéraires, 12 juillet 1924.
Les Oiseaux de proie semblent n'avoir jamais paru sous ce titre. Il s'agit peut-être d'un roman intitulé Les Pélardier.


Illustration du billet : E. Buffet.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page