Dimitris Lyacos

Lyacos.jpg


Comme nous l'avions annoncé, voici une fenêtre sur l'activité des éditions le Miel des Anges, maison dédiée par Michel Volkovitch et sa compagne à la littérature grecque.
Traduisant les classiques à l'occasion (on se souvient des oeuvres poétiques complètes de Séféris parues cette année), elle se donne aussi pour mission de faire lire au public francophone des textes d'extrêmes contemporains.
Parmi la fournée de dix (10) livres qui viennent de paraître dans un seul et même mouvement, on peut citer l'exemple de Z213 : Exit, le premier volume de la trilogie Paena Damni de Dimitris Lyaccos, un poète-philosophe qui a écrit durant trente ans son grand oeuvre. Vous n'irez pas voir sa fiche wikipédia, elle est angoissante et rappelle que les auteurs ne sont pas toujours les mieux placés pour faire la promotion de leurs écrits.
En l'ocurrence, la libération d'un individu d'un centre d'incarcération dont on ne sait pas exactement la nature (asile ? prison ? camp paramilitaire ?) et son errance. Trains, déplacement ; nuit, cache ; angoisse sourde d'un partie de cache-cache avec un chasseur inconnu (Dieu ?), c'est un texte polymorphe, redondant, qui met en oeuvre tous les signes de l'ultramodernité, ce que l'on appelait autrefois l'avant-garde, pour renforcer sa densité "transgenre" et l'étrange de son propos.
A découvrir pour constater que la Grèce n'est pas au ban des nations littéraires et qu'elle s'est naturellement emparée elle aussi des écritures circulatires, redondatntes, taraudantes, voire trépanantes.
"Que je me souvienne d'écrire tant que je peux. Tout ce dont je me souviens. Que je puisse me souvenir. Dans ce que j'écris j'entre à nouveau. Puis on dirait que ce n'est plus moi. Effacées, paroles d'un autre. Pourtant mon écriture. D'une vide où je me réveille sans cesse. Nuits qui viennent une à une derrière moi. Femmes en noir qui cirent se bousculent sur le quai pour monter presque en aveugles presque au point que tu ne puisses pas descendre. Vagues qui frappent te crachent noires au visage vagues au point de ses briser l'une poussant l'autre comme fuyant une catastrophe."
Le texte est serré, becketien, mais il n'a peut-être pas le souffle des grands épopées de l'humanité. Que fait-il de l'anecdote ? On dirait qu'il propose une inscription mythique de l'anecdote qui jaillit de la vie du porteur de Verbe. A Découvrir quoi qu'il en soit.



Dimitris Lyacos Poena Damni. Z213 : Exit. - Le Miel des Anges, 105 pages, 12 €

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page